Egypte : L’utilisation du pouvoir dans la lutte contre les coronavirus

EGYPTE
Mots Clés : LA BATAILLE SYNDICALE CONTRE LE COVID-19 Bulletins d’Information

Le 14 février 2020, le ministère égyptien de la Santé a annoncé le premier cas de COVID-19 dans le pays détecté à l’aéroport international du Caire impliquant un ressortissant chinois. Au 30 mai 2020, l’Égypte comptait 22 082 cas confirmés avec 5 511 guérisons et 879 décès.
La grande fragilité de l’économie égyptienne inquiète certains experts quant à sa capacité à répondre à la crise. Au moment où le secteur crucial du tourisme égyptien se remettait de la révolution de 2011, du coup d‘État de 2013 et de menaces islamistes constantes, l’industrie touristique estimée à 16 milliards de dollars doit faire face à la nouvelle menace du nouveau coronavirus. Selon la ministre égyptienne du Plan, Hala el-Saeed « le taux de croissance économique en Egypte tombera à 2% au cours de la prochaine année fiscale 2020/2021, si la crise des coronavirus se poursuit jusqu’en décembre 2020 ».

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Mesures Restrictives
Face à la pandémie, les autorités ont pris des mesures strictes, en imposant notamment un couvre-feu nocturne depuis le 25 mars. Les contrevenants s’exposent à de lourdes amendes, voire à de la prison ferme. Les autorités ont par ailleurs décrété la fermeture des écoles et universités, des lieux de cultes, musées et sites archéologiques. Plusieurs villages ont été placés en quarantaine après la détection de cas de coronavirus.

Le 22 avril 2020, le Parlement égyptien a approuvé des amendements à la loi sur l’état d’urgence de 1958, qui confèrent des pouvoirs supplémentaires importants au président Abdel Fattah al-Sissi et aux agences de sécurité
La loi sur l’état d’urgence (loi no 162 de 1958) confère aux forces de sécurité de larges pouvoirs pour détenir et interroger des suspects indéfiniment, sans contrôle judiciaire ou soumis à un contrôle judiciaire limité. La loi autorise également la surveillance de masse, la censure, la saisie de biens et les expulsions forcées, le tout sans supervision appropriée par les autorités judiciaires.

Les amendements ont permis au président d’ordonner la fermeture des écoles, la suspension des services publics, l’interdiction des rassemblements publics et privés et la mise en quarantaine des voyageurs entrant dans le pays. Ils ont également permis au président de limiter le commerce de certains produits, de réquisitionner des centres médicaux privés et de transformer des écoles, des centres éducatifs et d’autres établissements publics en hôpitaux de campagne. Le procureur militaire a également été autorisé à aider le parquet à enquêter sur les crimes signalés par les forces armées chargées de l’application de la loi en vertu de l’état d’urgence. Quiconque contrevient aux mesures imposées pendant l’état d’urgence risque d’être condamné à 15 ans de prison.

Les amendements ont été vivement critiqués et dénoncés par les organisations de défense des droits de l’homme. Dans un communiqué de presse, l’ONG Human Rights Watch (HRW) les a dénoncés comme « couverture » de la mise en place de « nouveaux pouvoirs répressifs ». Le gouvernement affirme que les amendements lui permettent de faire face aux urgences de santé publique provoquées par la pandémie de COVID-19.

A la fin du mois d’avril, après avoir allégué le couvre-feu du mois de jeûne, le Premier ministre Mostafa Madbouly a informé la population d’un retour progressif à la normale à partir de la fin du Ramadan.

Afin d’encourager une reprise du tourisme intérieur, les autorités ont récemment annoncé la réouverture d’un quart des hôtels du pays à la mi-mai. Et à partir du 1er juin, 50% des hôtels seront opérationnels.


Mesures socio-économiques

Le 14 mars, le président Abdel Fattah Sissi a annoncé un fonds de 100 milliards de livres (environ 6,3 milliards de dollars) pour faire face à la crise sanitaire. Le fonds devait être utilisé pour améliorer les établissements de santé et soutenir les entreprises. En effet, 20 milliards ont jusqu’à présent été alloués pour soutenir la bourse et 50 milliards pour aider le secteur du tourisme. Le gouvernement a également annoncé une augmentation de la rémunération des professionnels de la santé de 75%, soit 400 livres (soit 25 USD). Des incitations à augmenter le nombre de médecins ont également été entreprises.
Enfin, le président Abdel Fattah Sissi a décidé le 1er avril d’allouer un fonds dénommé "Vive l’Egypte" pour couvrir les frais de quarantaine des Egyptiens rentrés de l’étranger avant le 31 mars. Ce fut après que des dizaines d’Egyptiens rentrés du Koweït aient exprimé leur refus de payer les frais de quarantaine de santé de 28 000 £ (environ 1 770 USD) par personne à l’hôtel de l’aéroport.

L’implication des syndicats}

Les syndicats égyptiens ont mené des activités d’information et de sensibilisation du public sur les mesures mises en place par le gouvernement tout en soulignant la nécessité de mesures de protection des travailleurs.
Le syndicat des agents de santé égyptiens a dénoncé des conditions de travail inacceptables caractérisées par la faible disponibilité de tests pour le personnel hospitalier et le manque d’équipements de protection appropriés. Les syndicats craignent une augmentation de la contamination suite à l’assouplissement de certaines mesures.

Les syndicats doivent continuer dans cet environnement difficile à négocier pour un meilleur système de protection sociale pendant la crise et pour l’utilisation du dialogue social pour garantir les droits sur le lieu de travail et pour parvenir à des mesures nationales de confinement et de récupération du COVID-19 plus larges et plus inclusives.

pdf / LES RÉPONSES AFRICAINES FACE À LA CRISE SANITAIRE DU COVID-19 , LE RÔLE DES SYNDICATS (VOL 2)

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