Dans un monde où le nombre de jeunes est devenu le plus important de l’histoire par rapport à la population adulte, la nécessité d’adopter des approches urgentes et toujours plus innovantes face aux problèmes auxquels ils sont confrontés est plus grande que jamais.
L’Organisation Régionale Africaine de la Confédération Syndicale Internationale (www.ituc-africa.org) saisit l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse de cette année célébrée sous le thème « Engagement des jeunes pour l’action mondiale », pour attirer l’attention de toutes les parties prenantes aux questions liées à la jeunesse et pour mettre en évidence le potentiel des jeunes hommes et femmes en tant qu’acteurs clés d’un avenir durable.
La pandémie de la COVID-19 a eu des effets catastrophiques sur le monde du travail, causant des souffrances indicibles et exposant l’extrême vulnérabilité de millions de travailleurs et d’entreprises. Ses conséquences pour les jeunes seront probablement très graves. Des perturbations de l’éducation aux difficultés accrues pour les demandeurs d’emploi et les nouveaux arrivants sur le marché du travail ; et la perte de revenus et d’emplois ainsi qu’une dégradation de la qualité des emplois, les jeunes qui étaient déjà en difficulté sur les marchés du travail avant le COVID-19, ont vu leurs perspectives s’assombrir.
La pandémie de la COVID-19 est à l’origine d’une crise multidimensionnelle chez les jeunes du monde entier et est également susceptible d’amplifier les inégalités qui existent au sein des pays ainsi qu’entre les pays. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), plus d’un jeune sur six a cessé de travailler depuis le début de la pandémie de la COVID-19, et ceux qui ont conservé leur emploi ont vu leurs heures de travail réduites de 23%. Pour ceux qui sont sur le point de quitter le système éducatif, les perspectives du marché du travail se dégradent sous l’impact du virus.
Les jeunes sont concentrés dans des emplois qui les rendent vulnérables à la perte de revenus et d’emplois dans le contexte de la crise de la COVID-19. Plus de trois jeunes travailleurs sur quatre occupent des emplois informels et ne bénéficient d’aucune protection sociale ou d’autres avantages liés à l’emploi. En outre, 70% des flux migratoires internationaux représentent des personnes âgées de moins de 30 ans.
Au niveau national, les vulnérabilités auxquelles sont confrontés les jeunes sans accès à la formation / éducation en ligne et la ségrégation entre les sexes vont probablement encore augmenter. Au niveau des pays, les différences dans la politique du marché du travail et les réponses d’impact menacent de désavantager encore plus les pays ayant les plus grands besoins de développement.
Relever les défis auxquels notre jeune génération est confrontée nécessite donc une approche intégrée et cohérente qui combine des interventions aux niveaux macro et microéconomique, qui se concentre sur l’offre et la demande de main-d’œuvre, et qui aborde à la fois la quantité et la qualité de l’emploi.
Dans le contexte des réponses envisagées pour faire face à la crise de la Covid-19, les normes internationales du travail sont un instrument utile pour maintenir le cap sur le travail décent. Les gouvernements africains doivent s’engager à travailler avec les syndicats et d’autres parties prenantes pour développer et déployer des mesures progressives et durables ciblant les jeunes, en accordant une attention particulière aux jeunes occupant des emplois informels et à d’autres groupes plus gravement touchés, tels que les jeunes femmes et les jeunes travailleurs migrants. Les droits des jeunes travailleurs ne doivent pas être compromis par des efforts visant à accroître la flexibilité de leur travail.
Le dialogue social et les partenariats avec la participation effective des jeunes doivent renforcer cette réponse. L’inclusion des jeunes devrait être prise en compte dans toutes les politiques sociales et économiques pertinentes à travers des approches innovantes. Les jeunes devraient être inclus dans tous les processus, de l’élaboration à la mise en œuvre de ces stratégies.
La CSI-Afrique est convaincue qu’une nouvelle Afrique émergente et émancipée ne peut être pleinement réalisée que si nous déployons des efforts considérables pour mobiliser et renforcer les capacités de nos jeunes travailleurs pour construire une nouvelle génération de dirigeants conscients.
Les syndicats devraient élargir leurs espaces démocratiques afin d’intégrer les intérêts des jeunes travailleurs, de développer et adopter des politiques de jeunesse et créer un environnement propice à ces politiques pour garantir leur mise en œuvre effective à tous les niveaux.
La CSI-Afrique continuera de plaider pour une meilleure représentativité et une meilleure participation des jeunes dans le mouvement syndical et également dans toutes les structures socio-économiques.
Vive la jeunesse !
Bonne célébration de la Journée internationale de la jeunesse !
Kwasi Adu-Amankwah
Secrétaire général de la CSI-Afrique