L’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale, CSI-Afrique (https://www.ituc-africa.org/), condamne sans équivoque les actes de harcèlement incessants et alarmants dont sont victimes les dirigeants du NLC de la part du gouvernement nigérian. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le gouvernement nigérian détient illégalement le Camarade Joe Ajaero, Président du NLC.
Le camarade Joe Ajaero, défenseur respecté des droits des travailleurs, se rendait au Royaume-Uni pour assister au congrès du TUC (Trade Union Congress) lorsqu’il a été détenu de force et empêché de voyager par des agents de sécurité nigérians. Sa détention, qui ne repose sur aucune base légale, constitue un affront direct aux principes fondamentaux de la démocratie, de l’État de droit et des droits de l’homme. Il est alarmant de constater que les efforts déployés pour déterminer où il se trouve et quel est son état de santé se sont heurtés au silence des autorités compétentes.
Le camarade Joel Ajaero n’a été inculpé d’aucune infraction. Nous ne disposons d’aucune information indiquant qu’un tribunal compétent a émis un mandat d’arrêt à son encontre, et aucune décision de justice ne l’a empêché de quitter le pays. Le camarade Joel Ajaero ne risque donc pas de s’enfuir. Nous nous demandons pourquoi il est traqué et traité d’une manière policière et peu civilisée par l’État nigérian, ses agences de sécurité et ses représentants.
La CSI-Afrique considère ces actes comme une progression dans le schéma des persécutions, des répressions et des intimidations de l’État à l’encontre des dirigeants syndicaux au Nigéria. Les restrictions injustifiées, les arrestations et les détentions au secret, effectuées sans aucun mandat judiciaire, ne sont rien d’autre que des actes éhontés d’anarchie et d’intimidation destinés à faire taire les voix dissidentes, à un moment où les travailleurs, les populations, les ménages et les communautés nigérians sont accablés par l’échec des politiques économiques du gouvernement.
Ces actes constituent de graves violations des droits humains et syndicaux internationalement reconnus, notamment le droit à la liberté d’association et de réunion pacifique. Le mépris flagrant du gouvernement nigérian pour ces droits menace le tissu même de la démocratie et compromet les principes de justice sociale. Le Nigeria ne doit pas sombrer dans l’autoritarisme. La fraternité syndicale nigériane a consenti d’immenses et coûteux sacrifices pour la démocratie de ce pays, afin que chacun puisse jouir de ses droits. Ils ne doivent pas être victimisés pour leur rôle et leurs activités dans la consolidation de la démocratie nigériane.
Par conséquent, la CSI-Afrique demande au gouvernement nigérian de libérer immédiatement et sans condition le camarade Joe Ajaero, de lui présenter des excuses et de lui offrir une compensation. Le gouvernement nigérian doit garantir l’intégrité physique du camarade Joe Ajaero et cesser tous les actes de harcèlement à son encontre et à l’encontre des autres dirigeants syndicaux. Nous rejetons toutes les tentatives visant à criminaliser les activités syndicales et à imposer la censure aux dirigeants du mouvement syndical au Nigeria.
Nous appelons donc la communauté internationale, y compris les syndicats et les organisations de défense des droits de l’homme, les institutions de développement et les gouvernements, à manifester sa solidarité avec les travailleurs nigérians et à inciter le gouvernement nigérian à répondre de ces actes répréhensibles. Les autorités nigérianes ne doivent pas recourir à l’intimidation pour étouffer la lutte pour les droits des travailleurs dans ce pays. Nous ne relâcherons pas nos efforts collectifs de défense de ces droits fondamentaux.
La CSI-Afrique, tout comme le NLC, continuera à suivre la situation de près et à informer régulièrement ses affiliés ainsi que la communauté internationale tout entière.
Signé et publié à Londres, Royaume-Uni, par le camarade Akhator Joel Afolabi Odigie, Secrétaire général de la CSI-Afrique.