La gestion de la crise du Covid-19 en Centrafrique

Mots Clés : LA BATAILLE SYNDICALE CONTRE LE COVID-19 Bulletins d’Information Centrafrique

En République centrafricaine, considérée par l’Organisation des Nations Unies comme l’un des pays « moins préparés » au monde à faire face à l’épidémie de Covid-19, une personne sur deux a besoin d’une aide humanitaire et environ 70% des services de santé sont fournis par des organisations humanitaires.

La crise sanitaire du COVID-19 survient à un moment où le pays se remet à peine de la crise politico-militaire de 2013. La République centrafricaine est classée 188ème sur 189, selon l’indice de développement humain (IDH) de l’Organisation des Nations Unies pour le développement (PNUD). S’il reprend timidement sa place, l’Etat est loin de satisfaire tous les services de base de sa population. Si de nombreux Centrafricains redoutent la possible propagation du COVID-19, c’est principalement parce que le pays manque de moyens solides pour faire face à une telle situation.
A la date du 28 mai 2020, la République centrafricaine avait 702 cas confirmés avec 23 guérisons et 1 décès. Le premier cas de coronavirus a été signalé dans le pays le 14 mars 2020.

Mesures restrictives
Compte tenu de la vulnérabilité du pays due principalement à la faiblesse de son système de santé et à la fragilité de l’économie, aggravée par son statut enclavé, le président a appelé tous les acteurs à agir avec vigueur.
La réponse initiale du gouvernement était fondée sur quatre actions prioritaires : dépistage, mise en quarantaine, traitement des patients et suivi des cas de contact. En conséquence, près de 1 000 cas suspects ont été identifiés et font l’objet d’un suivi quotidien.

A la suite, le gouvernement a édicté de nouvelles mesures complémentaires de lutte dans l’objectif d’empêcher ou de limiter la transmission locale. Il s’agit en effet de :
 La suspension des entrées en République Centrafricaine des voyageurs étrangers à l’exception des Diplomates, des ONG, en provenance des pays à transmission locale ;
 La fermeture de tous les établissements préscolaires, scolaires et universitaires pour une période de 15 jours renouvelable, si nécessaire ;
 La fermeture des bars dancing, buvettes, caves et dépôts de vente de boissons ;
 Une interdiction de rassemblement public de plus de 15 personnes ;
 La Fermeture de l’aéroport, à l’exception des vols humanitaires, des vols cargos, des aéronefs en difficulté des escales techniques sans débarquement des passagers ou des vols spéciaux autorisés ;
 L’Interdiction totale de sortir de son lieu de quarantaine à toute personne suspecte, sauf décisions médicales ;
 L’Obligation d’isolement pour les cas confirmés ;
 La Prorogation de la période de la quarantaine et de confinement de 14 à 21 jours en fonction des données épidémiologiques ;
 La Déclaration obligatoire aux autorités sanitaires de tout sujet suspect au Coronavirus ;
 La Limitation des cérémonies de deuils de mariages, de dots à la stricte intimité familiale ;
 La Restriction des mouvements de populations entre Bangui et les provinces. Cette mesure vise à prévenir la propagation de l’infection de la capitale aux provinces en cas de transmission locale à Bangui ;
 L’Etablissement des comités locaux de crise dans les provinces
 La Suspension des cérémonies et cultes religieux regroupant plus de 15 personnes.

Les implications sociales et économiques

Les deux discours du président de la république n’ont pas apporté de solutions sociales ni pour faire face à la situation des entreprises et des travailleurs malgré le fait que l’état est reconnu que l’épidémie due au coronavirus est en progression inquiétante.

Le niveau économique et social de la majorité de la population ne lui permettant pas de se procurer des kits de protection et encore moins de supporter un confinement, puisque beaucoup de Centrafricains vivent grâce à leur travail quotidien.
La République centrafricaine a bénéficié de plusieurs subventions. L’Union européenne a promis 30 millions d’euros et les Etats Unis 3 millions de dollars américains en subventions par le biais de projets directs ou en espèces.
La Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) a décidé de soutenir directement les programmes de réponse des pays membres de la CEMAC (Congo, Gabon, Tchad, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Cameroun) contre le COVID-19 en faisant 3 milliards de francs CFA (environ 5 millions USD) à leur disposition.

Le 23 avril, la Banque mondiale a approuvé une subvention de 7,5 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA) pour aider la République centrafricaine à faire face à la menace de la pandémie du COVID-19 et renforcer la préparation des systèmes nationaux aux urgences de santé publique. Le projet fournira du matériel médical et des médicaments essentiels, des kits de test et du matériel de protection du personnel pour les travailleurs de première ligne et garantira l’accès de la population à l’eau et aux produits d’hygiène. Il contribuera également à améliorer la coordination et le soutien aux mesures de préparation, à former des agents de santé et à organiser des campagnes de communication et de sensibilisation sur les risques encourus par la population.
L’annonce de tous ces dons et subventions a déclenché un débat dans les sphères publique et politique sur la bonne gestion de ces fonds. La Coalition de l’opposition ainsi que diverses personnalités s’interrogent sur l’utilisation et la gestion des fonds alloués à la lutte contre COVID-19. Entre-temps, le gouvernement a donné l’assurance qu’un comité de gestion des fonds placés sous la présidence de la République dans le cadre du comité de crise est envisagé et que les modalités de cette gestion sont en cours de définition.

Le Rôle des syndicats
Peu d’informations ont été dégagées sur la manière dont les syndicats de la République centrafricaine réagissent à la crise posée par COVID-19. Comme attendu de leurs homologues d’ailleurs, cette période de crise exige qu’ils se lèvent et soient comptés. Les besoins de sécurité au travail, d’attention à la santé publique, de protection sociale et de protection des revenus, sont tous cités comme des besoins auxquels les syndicats doivent contribuer à répondre en ces temps critiques.
Le temps est venu pour les syndicats de réfléchir à leur situation actuelle, de s’unir dans leurs rangs et d’agir ensemble afin qu’ils puissent entrer en dialogue social avec les employeurs et le gouvernement sur la manière de relever les défis posés par le coronavirus. La fermeture des rangs peut également aider les syndicats à atteindre le groupe plus large des opérateurs de l’économie informelle qui sont également des travailleurs et subissent les effets négatifs du COVID-19. Les syndicats ont le devoir de d’élever leur voix pour défendre les intérêts des travailleurs alors que le pays réagit à la pandémie de COVID-19 et s’efforce de sortir de sa situation faible et fragile.
Conclusion
En République centrafricaine, les organisations humanitaires sont les éléments essentiels de la réponse du gouvernement à la pandémie de coronavirus. Le pays dépend toujours autant des 164 organisations humanitaires présentes sur son sol (93 ONG nationales, 56 agences internationales et onusiennes).
Bien qu’elles gèrent toutes leurs propres programmes, ces ONG coordonnent leurs activités à travers des "clusters" (santé, nutrition, protection de l’enfance, etc.). Néanmoins, les organisations ont dû revoir leurs priorités. Sur le terrain, les équipes s’adaptent pour continuer à fournir une aide vitale à des segments de la population et à transformer les programmes pour les protéger au mieux du coronavirus. Mais cette nouvelle crise est trop pour une réponse humanitaire qui s’essoufflait déjà face à l’explosion des besoins et au manque de financement.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), près de 2,7 millions de Centrafricains (sur une population de 4,7 millions) ont toujours besoin d’eau, de soins et de nourriture.
Le coronavirus n’est pas le seul virus menaçant la République centrafricaine, où la population est confrontée à une épidémie de rougeole depuis plus d’un an. Cela a touché plus de 7 600 personnes et fait 83 morts, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Différents secteurs de la société en République centrafricaine doivent travailler dur pour se retrouver et développer la coopération à un moment critique. C’est aussi un pays qui exige une attention et une solidarité étroite de l’Union africaine et du reste de l’Afrique.

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