Le panafricanisme : enjeux et problématique
Elikia M’Bokolo
Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris)
Professeur à l’Université de Kinshasa
L’invitation faite par les syndicalistes de l’ITUC à un historien africain, spécialiste de l’histoire politique, sociale et intellectuelle de l’Afrique moderne et réputé panafricaniste, à exposer ses vues sur le panafricanisme au cours de ce « Forum Annuel Syndical Africain de la Rentrée » est un fait digne d’attention : elle constitue l’une des nombreuses manifestations de cette espèce de « réveil » sociopolitique dont les signes semblent se multiplier sur le continent africain et dont il faut se réjouir. En effet, dans l’histoire contemporaine de l’Afrique, les phases d’accélération, accoucheuses de ruptures positives, comme le furent notamment l’immédiate après-guerre, le temps de l’indépendance ou l’effondrement simultané des despotismes continentaux au cours des années 1980-1990, ont toujours été marquées, sur notre continent, par l’organisation volontaire et explicite de larges fronts sociopolitiques, regroupant en particulier le monde du travail et du syndicalisme et celui de la production intellectuelle, culturelle et scientifique.