Syndicalisation des travailleurs et travailleuses de l’économie informelle, opportunité et défi pour les syndicats en RDC

Mots Clés : Document technique Protection Sociale pour Tous République Démocratique du Congo Sensibilisation, Syndicalisation et Renforcement des Capacité des Travailleurs - Unité Syndicale

Présentation du contexte

C’est vers le début des années 1970 que l’on retrouve les germes qui ont été à la base de l’émergence de l’économie informelle en RDC, constituant actuellement la survie d’une grande portion de la population.

La décennie 1970 - 1980, fut le premier choc pétrolier qui a secoué l’économie mondiale, c’est la récession mondiale et le Congo choisit mal le moment et nationalise les entreprises, plantations et commerces des étrangers etc. C’est la « zaïrianisation », décision qui conduit le pays dans une spirale inflationniste. Une politique qui ne donne pas des résultats escomptés. La mauvaise gestion des entreprises nationalisées aggrave le problème éternel de l’approvisionnement en produits finis et en matières premières et précipite l’économie du pays dans le gouffre.

Au cours de la première moitié des années 80, le gouvernement congolais se consacrera à la relance économique. Il met sur pied un programme triennal d’ajustement économique et financier avec le soutien du Fonds Monétaire International (FMI) et le Club de Paris. Le programme échoue lamentablement et la crise s’accentue, en donnant naissance aux canards boiteux, des entreprises publiques qui seront privatisées.

En 1993, le gouvernement opère une réforme monétaire qui échoue lamentablement. Puis les pillages à répétition détruisent les infrastructures industrielles et commerciales et parachèvent ainsi le délabrement du tissu économique national déjà précaire depuis le début des années 80. D’après la Fédération des Entrepreneurs du Congo (FEC), près de 1885 entreprises ont été touchées par les pillages et les dommages causés se chiffraient à 1 milliard $US et plus de cent mille (100.000) emplois perdus…

Une situation qui va encore accentuer l’accroissement de l’économie informelle en RDC, la population pour survivre face à cette crise va développer des mécanismes de survie « activités informelles » et aujourd’hui l’économie informelle occupe plus de 90% des activités de la population active en RDC.

Définition de l’économie informelle

Il n’y a pas une définition commune de l’économie informelle du fait de sa complexité. Mais essayons de retenir que l’économie informelle désigne l’ensemble des activités commerciales et productrices de biens et services à petite échelle, souvent non organisée, utilisant une technologie rudimentaire et qui échappent à la régulation de l’État.

Ainsi suite à sa nature, non organisée et informelle nous la qualifions « de l’économie du village ».

L’économie informelle, telle que définie, couvre tous les secteurs économiques, primaires, secondaires et tertiaires. Il comprend les marchands ambulants, les marchands sur étalages, les vendeur(euse)s au marché, les artisans tels que les réparateurs d’outils ménagers, les menuisiers, les maçons, les mécaniciens, forgerons, soudeurs, tisserands, cultivateurs, cireurs, nettoyeurs, employés de maison, etc.

Economie informelle, une opportunité et un défi pour le syndicat.

En Afrique, l’économie informelle représente plus de deux tiers de la population active et cela ne cesse de croître et en République Démocratique du Congo « RDC » soit plus de 90% des activités de la population active. Une catégorie importante des travailleurs échappant au contrôle de l’état, ou pour certains cas l’Etat intervient de manière arbitraire, ne bénéficiant d’aucune prestation sociale, mais ayant aussi besoin d’un encadrement syndical au même titre que les travailleurs du secteur formel. C’est donc un terrain très favorable et propice pour les syndicats de se faire de nouveau membres, agrandir et étendre son effectif et d’exercer son expertise.

Un syndicat est tout d’abord une organisation qui est faite des affiliés sans lesquels elle n’est qu’une coquille vide. Les affiliés sont une source importante des forces et des puissances, c’est la raison d’être d’un syndicat :
• avec un grand nombre des membres le syndicat exerce également une grande influence auprès des autres partenaires, notamment l’Etat et le patronat, il est plus considéré et participe au développement du pays,
• avec un grand nombre des membres cotisant le syndicat est puissant financièrement.
• ainsi le syndicat devient responsable à mettre en place des stratégies d’encadrement efficace et adapté à cette catégorie des membres.

Voyant tous les problèmes que rencontrent les travailleurs de l’économie informelle dans leurs activités quotidiennes la syndicalisation dans ce secteur est à la fois une opportunité et un vrai défi pour le syndicat.

En effet, avec un encadrement soutenu, l’économie informelle peut devenir un levier de développement et de croissance économique, principalement lorsque l’environnement des affaires s’y prête.

Différence entre ONG et syndicat dans l’encadrement des travailleurs de l’économie informelle

Une ONG est un organisme dont le financement est assuré essentiellement par les dons privés et qui se voue à l’aide humanitaire, selon la loi congolaise, c’est une association sans but lucratif dotée de la personnalité juridique dont l’objet concours au développement social, culturel et économique des communautés locales.

Un syndicat est une organisation ayant pour objet la défense, le développement des intérêts socio-professionnels et moraux ainsi que le progrès économique des travailleurs.

Toutes ces deux organisations drainent du monde et encadrent les acteurs de l’économique informelle, mais seul le syndicat au travers ses rôles éminemment importants à savoir : Rôle représentatif ; Rôle normatif ; Rôle éducatif ; Rôle social, est capable d’encadrer les acteurs de l’économie informelle et défendre leurs intérêts socio professionnels, moraux ainsi qu’économique, chose que les ONG ne feront peut-être pas par manquent d’expertises dans le domaine syndical.

Le BIT et le passage de l’informel vers le formel

On estime que plus de la moitié de la main-d’œuvre mondiale est prise au piège de l’économie informelle. Selon l’OIT, sur le continent africain et au Moyen-Orient, il est estimé que 45 à plus de 90 % des travailleuses et travailleurs appartiennent à l’économie informelle.

L’idéal pour le BIT, c’est de voir les travailleurs de l’économie informelle aboutir à un travail décent c’est qui suppose : Emploi productif durable, Promotion du dialogue social et Négociation collective incluse l’Égalité des sexes, Protection sociale/Sécurité sociale pour tous, Normes & droits Fondamentaux du travail, ainsi la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle est le moyen par excellence pour parvenir au travail décent pour tous.

Conclusion

La syndicalisation des travailleurs et travailleuses de l’économie informelle en RDC demeure effectivement une opportunité pour les syndicats mais aussi un vrai défi.

Une opportunité : vue le nombre croissant des travailleurs et travailleuses de l’économie informelle dans ce pays, méritant également un encadrement syndical au même titre que ceux de l’économie formelle, les syndicats se retrouvent face à une nouvelle catégorie des travailleurs qui longtemps était délaissée à leur triste sort.

Un défi : L’économie informelle est aussi considérée comme un indicateur important de la pauvreté dans un pays, c’est ici que les syndicats peuvent contribuer efficacement dans la lutte contre la pauvreté, en mettant en place des stratégies de prise charge adaptées à cette catégorie des travailleurs. L’économie informelle un terrain mal organisé et sans coordination ; sans maîtrise des notions importantes du métier de la part de ses acteurs ; sans rémunération adéquate, sure et permanente ; sans protection et sécurité sociale ; sans respect strict des lois et régi par aucune législation ; sans aucun système de dialogue social etc. voilà pourquoi nous la qualifiée « d’économie du village » et la formalisation de l’informelle serait donc l’idéale comme le prône le BIT.

Guy Mpembele Kisoka
guympembele@hotmail.com

Documents & Media Associés

Documents

Télécharger les Fichiers

Audios

Ecouter les Fichiers Audio

Photos

Cliquer pour agrandir et parcourir

La CSI AFRIQUE

PROFIL SYNDICAL DE L’EFFICACITÉ DU DÉVELOPPEMENT

L’outil TUDEP est un instrument d’apprentissage qui vise à soutenir les acteurs syndicaux du (...)

DÉPLIANT D’INTRODUCTION AUX ODD

Ce dépliant vise à présenter aux syndicalistes le Programme 2030, en mettant l’accent sur les (...)

OUTIL SUR LA CAPACITÉ ORGANISATIONNELLE DES SYNDICATS (outil-COS)

La présente note d’orientation présente le cadre COS ; elle passe en revue les étapes (...)