Du 30 août au 1er septembre 2023, Dakar a accueilli la troisième édition de la Conférence africaine sur la dette et le développement (AfCoDD III), organisée par le Forum et réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD) et ses partenaires. Cet événement important, dont le thème était " Les 4R pour l’Afrique : réimaginer, repenser, réorganiser et remobiliser pour un ordre mondial africain ", a rassemblé des dirigeants, des activistes et des décideurs politiques de tout le continent, y compris des représentants de la CSI-Afrique, engagés dans des discussions critiques sur la situation économique de l’Afrique et la crise de la dette qui affecte le continent depuis longtemps.
La conférence s’est articulée autour de trois piliers fondamentaux :
1. Transformation politique : Ce pilier examine le rôle et l’engagement de l’Afrique dans l’architecture financière et d’endettement actuelle. Historiquement, l’Afrique a souvent été un preneur de règles et un preneur de dettes. La conférence visait à jeter les bases d’un nouveau consensus politique, dans lequel l’Afrique deviendrait un faiseur de règles et un redoutable négociateur de la dette. La conférence a également exploré l’intersection de la politique étrangère de l’Afrique avec les politiques économiques, commerciales et de sécurité, dans le but de développer un cadre politique global qui s’aligne sur les intérêts du continent.
2. La recherche et l’idéation : Le deuxième pilier de l’AfCoDD se concentre sur la contribution à la connaissance panafricaine et aux perspectives intellectuelles concernant la dette, le financement du développement et la transformation structurelle de l’Afrique. Au cours de la conférence, un journal présentant des documents de recherche sélectionnés a été lancé, favorisant l’échange d’idées et de connaissances sur ces questions cruciales.
3. Mobilisation du public : Ce pilier souligne l’importance de la construction d’un mouvement civique national, qui va au-delà de la crise actuelle de la dette. Il reconnaît la nécessité pour les citoyens et les gouvernements des pays en développement de saisir l’occasion offerte par la pandémie de COVID-19 pour exiger de nouveaux mécanismes de résolution de la dette qui donnent la priorité à la légalité, à la légitimité et à la viabilité des dettes.
La crise de la dette en Afrique a atteint des proportions critiques, exacerbées par les effets actuels de la pandémie mondiale de COVID-19. Les gouvernements africains sont confrontés au double défi de protéger leurs citoyens de l’impact de la pandémie tout en s’acquittant de leurs obligations de remboursement de la dette. AfCoDD III a appelé à des solutions significatives en matière de dette qui donnent la priorité au bien-être des citoyens africains. Au cœur des discussions d’AfCoDD III se trouve la nécessité urgente de s’affranchir du court-termisme qui a souvent caractérisé la planification macroéconomique en Afrique. Depuis trop longtemps, le continent est prisonnier d’un cycle de dépendance à l’égard de la dette, et il est grand temps d’envisager une autre voie. Les délégués ont délibéré sur les stratégies visant à renforcer la production et l’industrialisation, à promouvoir la mobilisation des ressources nationales et à lutter contre les flux financiers illicites.
Lancée en août 2021, la Conférence africaine sur la dette et le développement (AfCoDD) est l’un des programmes phares mis en place par le Forum et le réseau africains sur la dette et le développement (AFRODAD). Son objectif principal est de rassembler les citoyens africains pour qu’ils s’engagent dans des discussions critiques, des débats et des processus de prise de décision concernant l’autodétermination économique, politique et sociale de l’Afrique.