Bulletin d’Information : LES RÉPONSES AFRICAINES FACE À LA CRISE SANITAIRE DU COVID-19 , LE RÔLE DES SYNDICATS (VOL 3 )

Mots Clés : Bulletins d’Information Changement Climatique & Environnement Protection Sociale pour Tous Travail des Jeunes - Sensibilisation, Syndicalisation et Renforcement des Capacité des Travailleurs

Cette édition est la troisième du bulletin d’information spécial de la CSI-Afrique sur les réponses africaines à la crise de COVID-19 et le rôle des syndicats. Dans cette édition, nous nous concentrons sur les 12 pays restants qui n’étaient pas couverts par nos deux éditions précédentes. Nous nous penchons une fois de plus sur les réponses des pays en termes de mesures de restriction visant à contenir la propagation du virus et de politiques adoptées en vue de faire face à ses conséquences économiques et sociales. Sous réserve de la disponibilité des informations, nous examinons également le rôle des syndicats dans la réponse à la crise.

Il faut néanmoins mentionner que la majorité des pays couverts par cette édition comptent des syndicats qui sont menacés. La plupart d’entre eux fonctionnent dans un environnement qui ne favorise pas l’existence et les activités syndicales. Sur les 12 pays, la Namibie, la Guinée et eSwatini se distinguent comme des pays où les syndicats sont très dynamiques. Toutefois, à eSwatini, les dispositions de la monarchie absolue en matière de liberté d’association et d’expression sont contraignantes pour le militantisme et la performance du syndicat.

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Comme il ressort de l’application des mesures dans les pays concernés, les gouvernements sont désormais en train d’abandonner le confinement et les restrictions mis en place au début de la pandémie. Confrontés à la persistance de la COVID-19 et au risque de voir la pauvreté s’aggraver s’ils continuent à imposer des restrictions, les gouvernements commencent à assouplir les mesures et à permettre la reprise des activités économiques, bien qu’à des niveaux plus faibles. Des millions de travailleurs qui ont perdu leur emploi à cause de la pandémie continuent d’être confrontés à d’énormes difficultés en termes de moyens de subsistance. Par ailleurs, le ralentissement général de l’activité économique a mis en difficulté et a menacé les moyens de subsistance des opérateurs de l’économie informelle et ceux de migrants. En ce qui concerne les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme ainsi que les services personnels, la levée des restrictions ne permet pas de rétablir pleinement l’activité économique dans leurs domaines, compte tenu de la persistance de la COVID-19 et de la nécessité permanente de réduire les interactions sociales et d’observer la distanciation physique.

Quant aux travailleurs qui doivent retourner au travail malgré la pandémie de COVID-19 qui sévit, la nécessité de rester en sécurité et en bonne santé sur le lieu de travail reste le plus grand défi à relever. Nous pensons tout d’abord aux nombreux travailleurs de la santé à travers le continent, qui dans l’exercice de leurs fonctions ont perdu la vie à cause de COVID-19. Il appartient aux syndicats de tirer des enseignements qui s’imposent quant au sacrifice ultime consenti par ces héros et héroïnes de la classe ouvrière et d’insister sur la nécessité de fournir des équipements de protection individuelle (EPI) à tous les travailleurs concernés, pendant cette période.

Une fois de plus, les exigences de la réponse à la pandémie ont davantage révélé les faiblesses d’un modèle de développement africain qui dépend de sources et de forces extérieures pour satisfaire les besoins de base comme les produits alimentaires et les fournitures médicales. Cette crise a également montré à quel point la majorité des personnes en Afrique sont vulnérables lorsqu’il s’agit de logement, d’approvisionnement en eau, d’assainissement, d’infrastructures, de services de santé et de protection sociale, y compris la protection des revenus.

Le Cadre stratégique de réponse à la crise

Dans le sillage de la crise, l’OIT a élaboré un cadre stratégique de réponse à la crise. Ce cadre constitue un guide utile permettant de prendre en compte les intérêts des travailleurs, dont les principaux piliers sont :
• Stimuler l’économie et l’emploi ;
• Soutenir les entreprises, les emplois et les revenus ;
• Protéger les travailleurs sur le lieu de travail ; et
• Recourir au dialogue social pour trouver des solutions.

L’importance du dialogue social

Les syndicats ont un rôle à jouer quant à la concrétisation de tous les quatre éléments de ce cadre de réponse de l’OIT. En s’appuyant sur le dialogue social pour trouver des solutions permet de poursuivre la réalisation des autres éléments de réponse stratégique et cela, d’une manière qui puisse réellement bénéficier aux travailleurs. Que ce soit pour stimuler l’économie et l’emploi, soutenir les entreprises, les emplois et les revenus, ou protéger les travailleurs sur le lieu de travail, les syndicats doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s’engager pleinement dans le dialogue social et faire valoir les mesures et les positions susceptibles de promouvoir les intérêts des travailleurs.

Quant à la stimulation de l’économie et de l’emploi, les syndicats peuvent utiliser le dialogue social pour explorer les possibilités de promouvoir les investissements publics dans les services publics dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, de la santé, de l’éducation et de l’infrastructure numérique. De toute évidence, il s’agit là de questions essentielles à régler au moment où nous cherchons à combler les énormes déficits en matière de développement social qui se sont révélés avec acuité depuis le début de la crise. Là encore, les syndicats peuvent utiliser le dialogue social pour défendre les politiques et les mesures susceptibles de soutenir les entreprises, tout en assurant la protection des emplois et des revenus. Un soutien particulier doit être apporté aux micro, petites et moyennes entreprises, tout en facilitant la transition de l’économie informelle à l’économie formelle.

La protection des travailleurs sur le lieu de travail

Plus que toute autre chose, les syndicats sont tenus et ont la possibilité d’utiliser le dialogue social pour protéger les travailleurs sur le lieu de travail. Au moment où les lieux de travail s’ouvrent à la reprise du travail, les syndicats sont tenus de tirer d’importants enseignements de l’impact de COVID-19 sur les travailleurs et de tout mettre en oeuvre pour rendre le monde du travail plus sain pour les travailleurs, notamment en garantissant leur sécurité et leur santé sur le lieu de travail.

Il convient que les syndicats tirent un premier enseignement des expériences tragiques des nombreux travailleurs de la santé qui ont succombé au coronavirus qui faisait rage, étant donné qu’ils ne disposaient pas d’EPI adéquats.
Avant tout, il faut que les syndicats insistent sur la mise à disposition d’EPI adéquats pour les travailleurs de la santé qui sont confrontés quotidiennement à la menace de contracter le virus dans leur milieu de travail immédiat. De plus, les syndicats sont encouragés à plaider en faveur de mesures d’incitation spéciales pour ces travailleurs.

Par ailleurs, l’augmentation des infections à COVID-19 en Afrique et la propagation de la maladie dans les communautés augmentent le risque d’infection pour toutes les personnes qui exercent leur métier dans des lieux publics. Par conséquent, il est essentiel que les syndicats s’efforcent d’engager le dialogue avec les employeurs sur la manière de rendre les lieux de travail sains et sûrs pour tous les travailleurs lorsqu’ils retournent au travail. Cela exige que les syndicats prennent un certain nombre de mesures, dont :
• Négocier des congés de maladie payés pour les travailleurs malades ;
• Organiser le lieu de travail et le travail pour que la distanciation sociale et physique nécessaire à une interaction sociale relativement sûre soit possible ;
• Mettre à disposition des EPI pour tous les travailleurs, aux frais de l’entreprise ;
• Gérer les informations sur la COVID-19 de manière à favoriser l’acquisition des connaissances appropriées et à contribuer progressivement à la compréhension de la maladie par les travailleurs et la communauté ;
• Élaborer des politiques permettant de répondre aux problèmes des travailleurs ayant des besoins particuliers, notamment les travailleuses enceintes et les travailleurs handicapés ;
• Contribuer au développement d’un environnement dans lequel les travailleurs qui se sont rétablis après avoir été infectés par le coronavirus ne soient victimes ni de stigmatisation ni de discrimination.

Enfin, en vue d’un retour définitif au travail dans des conditions que l’on peut qualifier pour l’instant de « nouvelle normalité », les syndicats feront bien de discuter également de la question du travail à domicile (TAD) autant qu’il est possible et souhaitable de le faire.
Cela exige également de contribuer à l’élaboration de protocoles et de conditions de travail à domicile qui favorisent la productivité et permettent d’accroître la valeur du travail de l’employé.

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